THIESCOURT est un lieu fort ancien. Les armées romaines séjournèrent longtemps à TEUHERICURTIS. Autres noms : THIERI CURTIS (902), TIHIERCURT (1033) THIERCORT (1195), THIECOURT (1308) ; le bas latin Cortis ou Curtis a donné en roman Cort (Xie s) et Curt. Cortis désigne à l’origine la cour de la ferme, puis, par extension du sens « ferme » = domaine rural = village ; il a donné en français moderne Cour (ancien français Court qui est la bonne graphie). Conclusion : Thiescourt = Thieri Curtis , donc, la ferme (ou le domaine) de Thierry.
Les romains construisirent leurs routes à travers les forêts de Wafaux et de Vandefaux. Il subsiste encore des tronçons de ces voies venant de Compiègne par Elincourt et se dirigeant vers Lagny, Beaulieu-les-Fontaines, Nesle.
A l’emplacement de l’église actuelle était un oppidum (lieu fortifié) -nom donné par les romains aux refuges fortifiés gaulois. Ces derniers s’en servaient aussi comme entrepôts, comme marchés, mais n’ y résidaient pas habituellement- ils leur permettaient de surveiller les alentours qui recèlent encore les vestiges d’un camp romain.
La seigneurie du village fut donnée en 1015 sous Robert le Pieux, fils d’Hugues CAPET au Chapitre cathédral de Noyon par l’Evêque Harduin de Croy ; le même prélat dotal la cure vers 1030, en la mettant sous le patronage du Chapitre. Cette cure, sous l’invocation de la Vierge, avait Cannectancourt pour succursale.
En 1883, on voyait encore près de l’édifice une ancienne construction qui servait de presbytère et qui devait être une ferme appartenant au Chapitre dans laquelle était la grange dimeresse, destinée à contenir les redevances.
L’église était une des plus belles du canton. L’abside était du XIIIe s (style ogival à lancettes –autre nom du style gothique) ; à l’intérieur, une corniche soutenue par des modillons à têtes d’animaux et figures grimaçantes dont une, au centre, à tête couronnée, représenterait, paraît-il le roi Saint Louis. Le clocher qui occupait le centre de l’édifice s’est écroulé en 1745. Les bas-côtés ont été ajoutés au XVIe s sous la Renaissance. L’ancien portail roman, détruit en 1917, a été reconstruit de 1925 à 1934. Le maître-autel en marbre, pris à la Chartreuse du Mont-Renaud en 1792, a été détruit pendant la guerre de 1914-1918. L’édifice a été classé Monument Historique le 11 Janvier 1921.
Sur la montagne de Vafaux, il y a une chapelle dédiée à Saint-Albin qui est toujours l’objet d’un pèlerinage au mois de Mars. On invoque le Saint pour la guérison de la fièvre et des maux de tête. Il y a une crypte sous la chapelle. Autour de l’édifice on a découvert à plusieurs reprises des sarcophages, la dernière fois en 1973. La chapelle, dont l’origine est très ancienne, très endommagée durant la guerre de 1914-18, a été reconstruite de 1929 à 1932 sous la direction de M. Henry VIOLLET, architecte DPLG à Paris. Un certain nombre de documents nous indiquent que sur le site de la chapelle, un régiment allemand, le 76e Régiment d’Infanterie de Hambourg, a tenu la place et construit un certain nombre d’ouvrages défensifs, ce qui a valu à la chapelle les destructions que l’on connaît.
Bourg de plus de 1000 habitants au XIXème, la population est descendue au dessous de 400 personnes après les évènement de 14-18. Le village, occupé par les troupes allemandes durant la Première Guerre, a été rasé dans sa quasi-totalité par l’artillerie alliée. Dès lors, l’habitat traditionnel se caractérise par des constructions en briques rouges datant des années vingt, période de reconstruction. Quelques rares maisons relèvent encore d’une architecture du XIX ème siècle. La clairière et les habitats troglodytes du Chauffour où ont vécu des troupes françaises durant la guerre 1914-18 ont été classés à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 23 Novembre 1999. La carrière a été cartographiée et les œuvres rupestres laissées par les soldats ont été caractérisées par topographie Laser et photogrammétrie en 2019. Les résultats de cette étude ont été retranscrits sous la forme d’une vidéo de découverte des lieux.
Le cimetière militaire (nécropole nationale) accueille 710 tombes de militaires français de la guerre de 1914-18, 2 tombes de militaires français de la guerre 1919-1945 et 4 tombes de militaires anglais de la guerre 1914-18. Deux ossuaires contiennent respectivement 313 et 234 corps de militaires français inconnus. Un cimetière militaire allemand y est attenant.